26 mars 1996, une nuit d’encre est tombée sur l’imposante bâtisse de pierres brûlées par le soleil. Le son des pas furtifs rasant le sol et le bruissement des végétaux frôlés par les masses en mouvement n’atteignent pas l’intérieur des lieux. Les ombres parviennent à pénétrer dans le bâtiment, réveillant brutalement sept occupants du monastère, les bâillonnant et les traînant vigoureusement vers des véhicules en attente. Le cauchemar durera deux mois.
Le 21 mai, des chiens enragés revendiquent le massacre des innocents au nom d’un idéal qui ne tolère que le rouge et le noir, se nourrissant de peur et s’abreuvant de sang.
A la fin du mois de mai les têtes sans corps sont retrouvées. Les sept hommes sacrifiés n’étaient que de simples moines, cultivant, soignant et priant pour la communauté. Ceux qui les ont exécuté, l’ont fait au nom du même Dieu que leurs victimes, ils avaient juste une interprétation différente du message d’amour et de paix dispensé par ces deux religions monothéisme puisant leurs racines à la même source.
Ici se furent des religieux, mais plus loin, ils ont aussi égorgé des femmes, des enfants, leurs parents et leurs frères au nom d’un Dieu dont ils n’ont pas compris le message quand celui- ci a retenu le bras d’Abraham. Ce message adressé à toutes les nations avait pour but de faire comprendre aux hommes que même la foi à ses limites et que celle-ci s’arrête dès lors que la vie est menacée. Dieu sait ce qu’est la vie car en elle réside toute sa générosité.
Autres exemples :
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Jos (Nigeria). Propulsés par la haine religieuse que se vouent réciproquement chrétiens et musulmans d’une bourgade de quelque 500 mille âmes. En seulement trois jours d’affrontements intercommunautaires plus de 280 tués, et plusieurs centaines de blessés. Spectacle macabre que celui-là, qu’ont donné ces frères ennemis en Dieu. Leur credo semble être devenu : « Tuez-vous les uns les autres » !
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Bentalha (Algérie), dix heures de tuerie. Des camionnettes bourrées d’hommes qui traversent le quartier à toute allure, des bruits étranges pendant la nuit. A la mi-septembre, explique un habitant, j’ai assisté à un massacre où ont péri 400 habitants sur 3 000.
Si des prétendus religieux n’arrivent pas à s’entendre tous sur une chose aussi simple que de cesser de s’entretuer, comment peuvent-ils se rendre dans des lieux de culte pour implorer le ciel afin qu’il remette leur vie en place ?
Des exemples de tueries au non d’un Dieu ou d’une religion sont légion. Mais personne n’est dupe quant aux véritables raisons : « Argent & pouvoir »
Je comprends de plus en plus le doute de l’existence d’un Dieu omniscient, omnipotent et qui fait de l’amour son principe essentiel car cela est contredit par l’ignominie des faits. Mais les hommes sont seuls responsables de leurs actes et leur vie est le résultat de leurs choix ou de leurs non choix. Se servir de Dieu comme alibi afin de justifier des actes injustifiables est irrecevable.
Mai 1945, la jeep transportant le major Reeve et l’aumônier s’arrête devant l’entrée du camp de buchenwald. Une potence est dressée avec le corps d’un adolescent d’à peine 13 ans s’y balançant. Le major se tourne vers l’aumônier et lui pose la question suivante :
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Et Dieu mon père, où est-il dans tout cela ?
Réponse du prêtre :
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Il est là sous nos yeux, se balançant au bout d’une corde et il n’aura jamais assez d’enfants à faire crucifier pour racheter tous les péchés de la race humaine…
Comment en sommes nous arrivés là, nous soit disant qualifiés d’espèce évoluée ? Avec de telles attitudes le panthéisme reprend ses lettres de noblesse et le Déiste a raison de penser que le divin n’a aucunement besoin d’intermédiaire humain. Chaque fois que nous apprenons quelque chose sur la vie en général, prenons conscience que nous ne faisons que donner une forme différente à notre immuable ignorance. Reste que la suprême ironie de la vie c’est que nul n’en sortira vivant et c’est là sa plus grande justice.
Hemingway a écrit un jour : « Le monde est un endroit merveilleux et, il faut tout faire pour le sauver…» Je suis d’accord avec la seconde partie de la citation …