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Lettre à Michel Onfray

15 DECEMBRE 2015

          Monsieur Onfray, suite aux diverses polémiques dont vous avez fait l’objet et aux articles plus ou moins assassins parus sur ce site, je vous adresse cette correspondance pour plusieurs raisons. La première, c’est que j’ai un grand respect pour l’érudition, l’intelligence et les êtres entiers, ceux qui n’ont pas peur de la vérité. La seconde, pour vous remercier car aujourd’hui, votre investissement personnel et gracieux à dispenser de la culture, alors que d’autres facturent chacune de leur intervention à plusieurs centaines de milliers d’euros, répond à un besoin et une nécessité telles que vos conférences à l’université populaire ont un succès indéniable et sont d’un apport social et humain incontestable. La troisième, parce que les chiens des médias, les loups du pouvoir et les ânes aux temps de cerveaux disponibles pour Coca-cola se sont réunis en meute pour vous dénigrer, vous injurier, vous calomnier et, quand autant d’imbéciles se réunissent pour attaquer un seul homme, il est jubilatoire de les contredire.

          Je peux facilement comprendre et concéder que certaines personnes soient en désaccord avec vos écrits ou vos dires, cela fait parti du débat démocratique, mais ce que par contre j’ai du mal à concevoir, c’est le refus du dialogue et la malhonnêteté intellectuelle face aux preuves. Quand vous déboulonnez une idole dans le cas de Freud, quand vous rétablissez les faits entre Sartre et Camus, lorsque vous énoncez les contradictions des religions dans votre traité d’athéologie, lorsque vous pointez du doigt la politique hypocrite et assassine de nos gouvernements, face aux crachats médiatiques dont ces analyses étayées ont fait l’objet, on ne peut que constater que l’authenticité comme les évidences ne suffissent pas car aucune personne, adhérente fanatique à ses icônes, ses intérêts ou ses utopies, ne veut entendre et admettre la vérité même si celle-ci est appuyée par les faits. La raison ne fait pas le poids face aux passions car les hommes préfèrent les légendes au réel par confort, par refus et par peur d’affronter les responsabilités inhérentes à leurs erreurs.

          Quelle idée vous a pris d’endosser les oripeaux d’un Don Quichotte de la philo, de l’histoire, la vraie, pas celle officielle des vainqueurs, des manipulateurs, des grandes gueules non, celle de la vie telle qu’elle est. Votre combat contre l’uchronie des scribes à la solde des régnants qui ont fait d’un passé fictif une réalité imposée, il est perdu d’avance car vous savez bien que nul n’est prophète en son pays. Qu’est ce qui vous a pris de partir en croisade contre leurs guerres, vous voulez foutre en l’air leur business, ignorez vous que la vente d’arme et le pillage des matières premières des pays ainsi déstabilisés les enrichit et, que c’est là leur seul but dans la vie, leur seule motivation. Sincèrement Michel, vous cherchez les coups, refuser d’entrer dans le microcosme parisien des biens pensants, de la voie unique tracée par nos chefs d’orchestres dirigeant la cacophonie bêlante d’un troupeau qui veut surtout que rien ne change ou, qui attend un sauveur le cul calé dans son fauteuil l’œil rivé sur son téléviseur, celui qui fera tout pour lui mais, sans bousculer ses petites habitudes et surtout rien changer à son confort. Difficile de rester stable dans un monde instable, le dernier gadget mobile rivé à l’oreille comme si l’âme des ancêtres était dans leur téléphone portable. Ils n’ont pas compris que la vraie philosophie c’est autre chose que les palabres intéressés d’un dandy milliardaire, sans objectivité, abreuvé de certitudes, la chemise ouverte sirotant son champagne à la terrasse du café de Flore…

          Voilà, je ne vais pas trop m’étendre sur la lâcheté et la pauvreté d’esprit, il y aurait tant à dire qu’une encyclopédie n’y suffirait pas. Si j’ai fait cette lettre c’est parce qu’il y en a assez de voir toujours les mêmes attaques stériles, les mêmes insultes vous concernant. La plupart des critiques dont vous faites l’objet sont d’ailleurs sans réels fondements et issues d’une totale méconnaissance des sujets abordés et dissertés. Vous faites réfléchir et c’est ce que détestent les marionnettistes. Imaginez des pantins coupants les ficelles qui les manipulent et commençants à penser par eux-mêmes, il en serait fini de la domination du scénariste comme de celle du metteur en scène. L’ignorance, la jalousie, font que certains gratte papiers, baveurs de la prose journalistique ou écrivains ratés trouvent leurs épanouissements dans le vomi de la critique, toujours à charge, jamais dans l’équilibre et le débat serein, de la bêtise à l’état brut quoi…

          Monsieur Onfray, encore une fois je vous dis merci pour le temps que vous consacrez et le savoir que vous dispensez généreusement, gratuitement à vos universités populaires, accessibles à toutes les catégories et milieux sociaux. Sagesse, droiture et véracité sont hélas passées de mode. Je laisse maintenant se défouler les frustrés que cette parenthèse épistolaire aura certainement dérangé.

          Très respectueusement, un simple lecteur, un modeste observateur, une oreille attentive.

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