Un manteau vaporeux d’hydrocarbure teintait de gris plomb le bleu cobalt d’un ciel de mars. Le soleil, telle une ampoule basse consommation, peinait à percer un Fogg Londonien vomit des pots d’échappement des véhicules se ruant au turbin. Une pellicule grasse, mélange de gasoil et de grésil matinal, faisait luire les rubans de la quatre voies où, une interminable file d’automobiles, cul à cul, bouchonnait sur la rocade bordelaise et saturait le pont d’Aquitaine. Les pluies acides, de plus en plus fréquentes, rongeaient les barrières de sécurité et brûlaient les rares prairies alentour. La rouille accélérait sa conquête sur le temps, emmagasinait les secondes pour avaler les heures et lacérer les ouvrages et la nature d’une empreinte bronze. Les jardins ouvriers aux sillons marécageux exhumaient de leurs carrés de boue des spectres de vapeurs autour des planches pourrissantes de leurs abris à outils. Dans les autos ou sur les trottoirs se précipitaient les âmes grises de l’aube. La course à l’ordre établi, comme un réseau veineux, formait ses tentacules d’êtres humains vers les ateliers, les bureaux et autres lieux de servitudes. Sous l’œil acéré des caméras de surveillance, des représentants de l’ordre confisqué, des mouchards de carte SIM et puces préprogrammées pour ranger, trier, catégoriser, hommes et femmes allaient alimenter et entretenir les rouages bien huilés de la machine Big Brother. Des millions de fourmis trop occupées à se battre pour leur survie économique pouvaient commencer, tel un tic tac incessant, l’hymne au capitaliste triomphant : « Produire, consommer, produire, consommer, produire, consommer... »
Autour de la gare Saint Jean, un SDF garait un caddy poubelle, relique d’un super marché, pour aller négocier un petit crème et un croissant au café Rizatta. Les grognements des machines expressos couvraient le brouhaha verbal des consommateurs agglutinés sur le zinc. John et Magalie commençaient à peine à émerger d’une nuit blanche au mélange Coke Vodka. L’armée rouge défilait dans leurs crânes au pas cadencé et préparait la der de der à la sauce ogive nucléaire. Pôle emploi n’allait pas tarder d’ouvrir ses portes à une interminable file de chômeurs que l’administration allait ranger soigneusement dans les cases d’un tableur Excel. Les radios matinales déversaient un flot d’informations contrôlées, validées et estampillées par le pouvoir en place. Gauche, droite, gauche, droite, quoi qu’il en soit, depuis une quarantaine d’années, c’était toujours en ligne droite vers les institutions financières qu’allaient s’alimenter en ordres et récompenses nos représentants des politiques successives et étrangement ressemblantes.
La veille au soir, un attentat avait fait une cinquantaine de victimes. Indignation de circonstance, marche blanche et drapeaux en berne au menu, mais, c’est debout que face à la lâcheté de ces actes innommables nous garderons nos usines, magasins et tiroirs-caisses ouverts. Il faut bien reconnaître que le terrorisme et la peur qu’il génère est un allié irremplaçable du capitalisme. Il sert de justification pour continuer et développer son business tout en sclérosant les libertés individuelles sous prétextes sécuritaires par des lois scélérates permettant de contrôler et d’orienter les choix consuméristes du citoyen. Le terrorisme concède de faire des guerres et ainsi de vendre des armes. Je me suis posé la question maintes fois, comment ce fait il que des terroristes qui haïssent le mode de vie occidentale ne frappe pas à la base de ce mode de vie autrement dit : les temples de la consommation pilleurs de matière première et exploiteurs de vies humaines ? En clair, plutôt que de prendre des risques à faire sauter des avions, il semblerait plus simple et plus productif en termes d’impact qu’ils aillent se faire exploser un samedi après midi dans un hyper marché style Carrefour, Auchan ou une galerie marchande. Ils n’auraient qu’à faire cela trois ou quatre fois et je vous laisse imaginer les dégâts humains et la psychose que cela générerait. Chiffre d’affaires de ces supermarchés en berne, car immédiatement fuis par les consommateurs, réflexe peur... Bizarrement, nos amis djihadistes n’ont pas pensé à cibler de tels lieux pourtant, cela mettrait l’économie à genoux et je me demande si dans ces cas-là, il y aurait autant de fiché « S » en liberté ? Rappelons nous un récent passé, quelques déséquilibrés qui avaient appris en quelques leçons à piloter un Boeing l’avaient détourné avec un cutter, des tours s’étaient effondrées comme des châteaux de cartes tout en laissant intact un passeport sous des milliers de tonnes de gravât et de ferraille en fusion, un peu de farine dans une fiole et des armes de destruction massive qui n’avaient jamais existées ont suffit à faire des millions de victimes alors.... Mais bon, à se poser de telles questions, cela frise le conspirationnisme.
Dans les médias, le peuple avait droit à son bain journalier de culpabilité. Après nous avoir pris la tête comme quoi nous étions d’irréductibles Gaulois réfractaires au changement, changement bien entendu enrichissant pour la minorité qui nous contrôle, voilà que maintenant nous sommes de vilains colonialistes, racistes et surtout d’horribles antisémites. Alors comprenons bien la définition primaire et réductrice qu’ils donnent au terme antisémite. Pour eux c’est très simple, dès que vous critiquez la politique sioniste, expansionniste et violente d’Israël vis-à-vis des Palestiniens, vous êtes un antisémite ! Ce qui, vous en conviendrez, est complètement con parce qu’un Palestinien dont vous prenez la défense est un Sémite. Vous n’avez rien contre le peuple juif, mais vous trouvez odieux le gouvernement sioniste et ses agissements alors, vous êtes antisémite parce qu'il parait que l'antisionisme est de l'antisémitisme larvé. D’ailleurs en permanence les journaux, télés et radios, sous les ordres de nos chers dirigeants vendus à cette cause, vous le rappellent jour après jour comme quoi, dans notre pays de fachos, les actes antisémites progressent de manière vertigineuse. Il faut quand même être tordu dans sa tête pour assimiler un geste version bras d’honneur inversé à un salut nazi. Ça c’est l’insulte suprême qu'ils utilisent pour justifier et couvrir leurs méfaits vis à vis de la population, dés que vous protestez ou manifestez (Gilets jaunes) vous êtes antisémites en conclusion, salauds de Français vous êtes des antisémites...
Pendant ce temps, des imams se tirant la bourre pour le pouvoir, aux Rabbins racistes et menteurs en passant par des évêques protégeant des prêtres pédophiles, les croyants ne savent plus à quel saint se vouer alors, les sectes explosent en adhérant à la recherche d’un semblant de spiritualité. Ce qu’il y a de terrible avec les chefs religieux c’est qu’ils ne pratiquent pas la religion. Ils anéantissent l’histoire en la remplaçant par leurs manuscrits falsifiés. Experts en palimpsestes, avec le vieux ils ont fait du neuf qui devient vieux officialisant ainsi les mensonges qui les arrangent à des fins dominatrices.
D’année en année, les restos du cœur battent des records tout comme les comptes en banque des 0,01 % des plus riches qui vampirisent 80 % des richesses produites. Une caste à part où les membres passent leur temps à évaluer leurs bénéfices sous psychotrope et amphétamine 15 à 20 heures par jour et avec comme seul point commun, celui d’être mégalo compatible... Vous connaissez cette opération : « Spéculation = crise + déficit ». Dix millions de bénéfice spéculatif génèrent environ dix mille chômeurs ou travailleurs pauvres, mais le dire, c’est du racisme anti-riche, de la démagogie, voire de la jalousie. À un tel niveau, on hésite entre la fatigue, l’ignorance ou la bêtise.
Aujourd’hui, la loi est applicable pour la plèbe mais, négociable suivant la somme de votre compte en banque ou le pouvoir que vous détenez. La justice est saturée pour certains et rapide pour d’autres. Impunité de complaisance à tous les étages, lenteur des procédures et condescendance du juge avec le prévenu. Les exemples ne manquent pas et dans tous les partis politiques, financiers ou aristocratiques quel qu’ils soient. Par contre, pour les gilets jaunes qui manifestent pour arriver à payer leurs factures et nourrir leurs familles là, c’est flash-ball, lacrymogène, matraque et justice expéditive. Nous sommes le pays des droits de l’homme qui a pour président un banquier qui ordonne de tirer sur la foule. Cette démocratie chancelante n’est plus qu’un leurre, protégée par une police qui ne sert plus que les intérêts de la caste au pouvoir.
Ainsi agonisent les sociétés, le monde se vide de sa substance humanitaire, les ronces ont envahi le jardin d’Eden. Peut-être eut il mieux valu garder la nostalgie d'un paradis en le quittant que de le transformer en enfer en y restant. C’était, en quelques lignes, la brève histoire d’un Olympe perdu...